vendredi 24 juillet 2009

Les étangs d'herbe


Au souffle court qui marche et court au bout du souffle. Les étranges étangs d’herbes du Mont nous piquaient les jambes à chaque fois que nous les enjambions. Sur l’argile trompeuse nous glissions, convaincus de la voir sèche. Un peu partout prenaient forme des chemins dans l’herbe mais l’on ne saurait dire d’où venaient ces traces. Nous sautions par-dessus des mares longues et rouillées. Nous sautions avec nos jambes, courtes ou fines, avec nos jambes qui marchent. Sur la ligne d’horizon deux formes s’agitaient comme sur un fil. Et nous n’aurons vu d’elles que leur dos ronds sans pouvoir distinguer le chien du loup.
Entre les deux, le Mont finit de souffler ses épuisants visiteurs hors de lui. Lui aussi est à bout de souffle et l’on dirait même que ses épaules s’affaissent quand le soleil regagne ses quartiers. Alors, les petites lumières s’accrochent à l’incassable granit, lui redonne les scintillements et les postures d’un combattant de Lucifer. Nous qui nous étions arrêtés quelques instants au milieu des polders allions bientôt rejoindre l’âtre d’un château d’Argol en éternelle reconstruction.
Et sur ces champs pleins de jaune et de grives, on ne sait vers quel endroit plus beau peut bien partir le soleil écarlate.
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Photo Pauline S.

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