vendredi 30 octobre 2009

Les pas chassés


Filait-on la laine en sachant que, peut-être, le fil viendrait à casser entre nos doigts

Nos mères assoiffées de ne pas nous perdre
Entre ces lacs bleutés que nous cherchions toujours au couchant

Là-bas, nous filions la belle liberté d'une plage toujours inconnue
J'ai dit je t'aime sans le savoir
Mais j'ai longtemps gardé mes mots
Pour toi

A présent qu'il faut dire et faire et choisir
Cet amour d'homme ne voit plus les lacs ni les mères
Il grandit au fond de moi
Et c'est un beau voyage
Qui marche au devant de mes pas, juste devant moi

Fin octobre

L'écume et l'herbe
Le temps cassé
S'il avait fallu faire un pas de plus
Je suis bien certain que tu aurais choisi les cieux

En attendant
Les jours se prennent sur la peau de tes bras

Apprend enfin qu'un cœur se remplit
A la mesure juste
A la note juste
De ce que couvrent l'écume et l'herbe

Pour les patients, pour les marchants
Pour les vivants et pour les morts
Pour ces grues qui planent au ciel

mercredi 21 octobre 2009

Au vent de mer



Dieu avait la joue rose quand on joignait les paumes au ciel
La-bas, la-haut, où nous regardaient bienfaisants tous nos pères et nos amis évanouis
Nous passions tout le printemps dans les bois, près de rives et des barques
Nous passions un éternel été à s'apprendre docilement
Le monde rythmé par nos petites prières de rien du tout
Nous savions que ce repos lointain avait encore le temps de durer un peu
Nous savions que nous pouvions le voler, ce temps, sans nous faire voir.

Quand le matin n'avait pas trop blanchi les herbes, nous pouvions tracer un chemin au milieu des champs
Cela nous était offert
Et nous le prenions à mains pleines.
L'amour ici ne s'appelait pas patience et jalousie
Il suivait son cours
Évident

Les rendez-vous, les heures courtes, ils avaient fait leur temps
Et nos pères et nos amis enfuis là-haut faisaient rosir le ciel chaque soir
Où le Pain gagné sans trop de peine
Nous laissait tout à lui
Nous laissait enfin les regarder
Bienheureux

Et le manque passait

Se couchait à la risée

lundi 19 octobre 2009

Marions-nous un jour d'été

Quel amour ne suit l'autre et quelle marée ne s'entend pas un jour mourir
Là où je vis, les grottes jonchent les ilots de pins et les fougères nous font de belles barques

Comment alors les pointes du monde pouvaient nous servir de frontières, de fin de sphère

Car mon corps baignant dans l'eau froide
Car mes mains pleines et solides auraient pu porter ton cœur léger
Ta peau lisse
et l'argile de tes yeux

L'eau de S., à la peau couverte d'algues et d'amour
Comme on en fait si belle image

Les Evangiles, les icônes
Ta petite poitrine gonflée de Dieu
Et la chapelle née au giron de la grotte

Ma tanière alunie, blanchie du bleu de l'eau
De l'argile toujours de tes paumes
D'un amour Sacré
A s'allonger pour que durent plus longtemps encore
Les dunes, les roches et les années

Sacré, véritable, là où même l'hiver n'entame pas le chaud

Et qu'un jour repose
Le jour saint d'un été
Où le monde et tes seins
M'avaient, à mains nues, refait le portrait


samedi 17 octobre 2009

La passerelle




Choisir aux brisants

Qui se lassent de ça
Agiter les fonds d'errance
Qui se noient

Retournant les silences
Et les heures de noroît
Des planches ou le bout de mon doigt
Parce qu'un lit fait de roses
N'est jamais qu'un endroit,
Une pause, une attente
Où tu t'ennuies parfois

Décroissant comme on perd
Doucement les images
Si je crois, si j'attends
C'est que rien ne viendra
Je n'avais dans mes poches
Qu'une rive à éprendre
Comme rien n'a de chance
Quand un coeur ne vient pas

Choisir aux brisants
Qui se lassent de moi

mardi 6 octobre 2009

Tour du monde

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Les plans infinis de l'Océan
S'effondrent chaque nuit
Quand tournant ses yeux aux étoiles
Il se souvient qu'elles lui sont sœurs
Et qu'à la fin de tout
Lui-même sera jeté par dessus bord
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