mercredi 9 janvier 2013

Les lettres doubles

Casseur de vin. Rouge. Comme immédiat.
Deux lettres jumelles. Doubles et doublées. Doublures de ce qu'on ose à pesanteur, écrire.
Dès aussitôt que la pesanteur retenante a fini de lier, nous, je replonge dans l'immense activité que de vivre, de se lever et de parler à nouveau, d'écrire, d'écrire pour celle qui ne tarde pas, mais veille pour moi qui cueille.
Dans les cercles rompus, sur les marches qui grimpent, vers Béatrice, vers Amatride, Andromaque, vers Camille, la figure réimagée dès lors que sur scène tu parais pour me remettre à flot.

Dès qu'un peu de vin cassé par le fond des hauts tout là haut de l'ivresse commençant à peine tu livres et délivres l'enfant venant.
Passée l'odeur astringente des rimes, regarde les bateaux perdus, les seize marins lâchés en mer pleine, l'Iroise, je t'aime comme après tous les vins bus, après tous les minéraux caillouteux, ils craquent sous une et deux et trois et quatre semelles amoureuses de t'aimer plus qu'un rivage, plus même qu'un souvenir.
Te rends-tu bien compte?

Et bien ce ne serait qu'un début.
Si tout aurore, tout champ, tout embrasement christique, tout souvenir nous revenait d'un coup à la surface, au premier jour.
Ecrire l'incapable souvenir de ne savoir rien encore, avant toi, avant la vie, avant l'incendiaire vin cassé de nos bouches fertiles.