mardi 28 décembre 2010
Jéricho
Sur le grand bassin charnel qu'aucun vent ne dérangeait jusque alors
Voilà qu'un peu d'air s'invite à la gymnopédie lente et triste, un peu
De remous qui soulèvent et abaissent le giron brumeux
Nous étions debout à contempler le temps à peine changeant
Nous étions seuls et je te gardais dans mes bras
Tu étais l'enfant que j'avais eu de toi
Tout paraissait un lac d'automne sur la mer laissée au bercement des notes
La roche était un ajonc
C'était le matin et j'entendais le réveil des hommes s'annoncer calmement
Le paisible matin où je prenais ta main pour te la demander
Il aurait lieu mille fois dans le froid adonnant de ce vent
Qui ne trouvait d'égal bleu que le tien
Agitations invisibles
Au paisible lever d'un jour que ces mêmes enfants viendraient reprendre tôt ou tard
Nous aimions ces bruines fugaces et ces grands belvédères
Parce qu'ils semblaient prières à nos sommeils finissants
Ils étaient sarments, rameaux des vins à venir
Et de ceux que nos bouches entre elles savaient seules sentir
Douce Jéricho marine
Sous le niveau des mers nues
Nous avions trouvé notre place, émus
Elle se goûtait comme on goûte la myrte
D'une chair jamais rassasiés
Il pleuvait des heures belles (c'était l'amour)
Toi qui aimais te lever tôt
Moi qui mordais tes genoux
Les voiles, les voiles dont tu jouais la marée
Entrant vers l'autel les matins embaumés
Où les lacs ressemblaient à la mer
Et nos mains à des bruines de Dieu
vendredi 14 mai 2010
Et alors...
jeudi c'est encore trop bleu pour se croire vivant
Les jours, des enfants finiront leur chocolat dans le noir du matin aux yeux lourds
Et ma vie sera à moi dans la brume où je les tiendrai par la main.
Une rue à traverser.
Rien ne sera plus simple que le vendredi qui sentira déjà les terrains verts, la foret, la mer, les océans qu'ils auront plein les yeux avant que de naître.
Rue de midi pour rentrer. L'odeur de la cuisine déjà tout autour de leurs petits nez à moucher.
Qui serai-je ? Un temps
vendredi 7 mai 2010
7 mai
Ils se cherchent et s'unissent parfois quand j'entends que tu me vois.
Semailles de mai quand Paris me passait tout à côté.
Je l'aimais encore cette ville
Même perdu là où il fait jour en pleine nuit.
La chaleur au dedans de moi quand je ferme les yeux
Il me semble dormir blotti contre toi blottie
Sous une pluie de reine
au marché des Lys
en attendant juin.
Homme, voilà bon travail que de voir toujours plus loin
En gardant sous tes paupières tous les tableaux de ta vie.
Les ancres, toutes les balises patiemment posées sur les routes.
Tu en reverras certaines, devenues mères, devenues veuves
Mais bien à toi
T'attendant
Préparant le veau gras
Si le jour du retour venait à passer.
Les dates du monde commencent en mai,
Marches odorantes pour atteindre l'août marin
Les pères et leurs filets
L'amour si lui prenait l'idée d'à nouveau se lever.
Paysans, marins,
Semailles de mai,
Carêmes et Pâques,
Tout ce qui sonne ton nom.
Pour nous ramener, si l'espoir le permet.
mercredi 5 mai 2010
Bien avant l'été
Dans la grande matinée de Provence, je repense au nu de Gordes et me tiens les yeux pour ne pas en pleurer. A côté de la femme au corps d'Ingres se couvrant le visage d'eau, voici venir le petit homme prenant la course d'élan pour lancer l'avion.
Dans cette Provence de source et d'avant-saison, je suis assis en noir et blanc, repensant sur l'osier de mon siège à toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites.
Les choses qui remplissent les cafés des matins de mai, les Choses de la Vie, les choses qu'on affiche au frigo, les choses qui s'entassent sur le matelas de mousse, la couverture de drap et le sommier trampoline, les choses qui faisaient pleurer tes yeux si je partais trop longtemps.
Les choses que disent les photos de Ronis, l'Ecume des Jours relu en été. Les choses que je voulais te dire dans un baiser de Midi.
mardi 4 mai 2010
Luire
Ne serait-ce qu'un chant
Qu'une poudre à tes yeux
Qu'un phare au clignement de
Tes paupières bleues
Où l'eau prend le large
Et les fils d'Adam croquent
De leurs dents la peau des femmes
D'orge
Luire,
Ne serait-ce que l'hymne
Où les peuples se tenant le cœur
Ne savent plus que toi
A en perdre le nord
Luire,
Une histoire dite au sommeil,
Langue de nuit,
Tu cherchais alors mes bras
C'était l'heure où nous ne pensions pas
Regarder par la peau,
Les yeux, les yeux clos,
J'y voyais en faisceaux briller ce qui ne passe pas
Les chants sérères, les ballades de Cork
Les palais de Petersbourg
Et même les pierres alunies
Rallumeront chaque fois les phares
Les hymnes, les palpites
Et même les comètes que les âges ont ternies
dimanche 18 avril 2010
Remue-ménage
Reviendront les jours où ce sont les étoiles meme qui te laveront la tete.
Et viendra le jour où la femme à l'amour partagé te passera l'eau froide au creux des épaules.
Laissant à portée de tes doigts sa peau de rousseur et de sable.
Tu sais, les dunes.
samedi 10 avril 2010
Amorce
Le mot valise permettant d'entamer tout voyage
Regardez bien tout ce qu'il dit
Jusqu'au signal
lundi 8 février 2010
jeudi 28 janvier 2010
mardi 26 janvier 2010
L'ancre à ton oreille
Sous ton oreille l’océan a pris rivage,
Dans ce creux doux, il prépare les traversées de la nuit,
Dans les forêts de sel et les bars où j’ai cessé de te chercher
Sous ton oreille, la mer a pris racine
Je revois les errances rêvées des pleines nuits à gîter des années entre nous
Les années, agitées à la hune, gonflées des tonnes de tasses que je bus en veillant.
Que je bus sans cracher. Que je bus en dormant.
Rouleaux de boucles rousses à tes oreilles
Etouffant par à-coups ce que l’encre a gravé sous ta peau
Je rêve bien des jours à ce jour qui me rapprocherait
Du calme d’un port roulant sans tanguer
Fermement amarré, firmament doux de lait
Sans ancre et sans danger
Mais sans toi, tu le sais, je m’ennuie
Que valent les fièvres des cargos sans la nuit ?
Photo Williwan