mardi 28 décembre 2010

Jéricho

L'onde riche des milliers d'aiguilles dont l'ondée cliquetante l'inonde
Sur le grand bassin charnel qu'aucun vent ne dérangeait jusque alors
Voilà qu'un peu d'air s'invite à la gymnopédie lente et triste, un peu
De remous qui soulèvent et abaissent le giron brumeux

Nous étions debout à contempler le temps à peine changeant
Nous étions seuls et je te gardais dans mes bras
Tu étais l'enfant que j'avais eu de toi

Tout paraissait un lac d'automne sur la mer laissée au bercement des notes
La roche était un ajonc
C'était le matin et j'entendais le réveil des hommes s'annoncer calmement

Le paisible matin où je prenais ta main pour te la demander

Il aurait lieu mille fois dans le froid adonnant de ce vent
Qui ne trouvait d'égal bleu que le tien

Agitations invisibles
Au paisible lever d'un jour que ces mêmes enfants viendraient reprendre tôt ou tard

Nous aimions ces bruines fugaces et ces grands belvédères
Parce qu'ils semblaient prières à nos sommeils finissants
Ils étaient sarments, rameaux des vins à venir
Et de ceux que nos bouches entre elles savaient seules sentir

Douce Jéricho marine
Sous le niveau des mers nues
Nous avions trouvé notre place, émus
Elle se goûtait comme on goûte la myrte
D'une chair jamais rassasiés
Il pleuvait des heures belles (c'était l'amour)
Toi qui aimais te lever tôt
Moi qui mordais tes genoux
Les voiles, les voiles dont tu jouais la marée
Entrant vers l'autel les matins embaumés
Où les lacs ressemblaient à la mer
Et nos mains à des bruines de Dieu