vendredi 18 décembre 2009

mardi 8 décembre 2009

Ils les accrocheront


Ils sont cinq à réclamer des papillons comme rançon de leurs labeurs.

Ils disent qu’ils les accrocheront, et qu’importe où.

Ce sera sur la roche, sur la croupe d’un percheron, sur les feuilles d’un liseron, dans les cheveux courts de l’égarée.


Ils réclament les papillons et les auront, et qu’importe quand.

Faits de couleurs et faits de formes.

Quand un soir, au bout de soir, ils avaient vu jaillir la résonance, le tressaillement de l’âme


Et quand marchant à marée basse, le ciel bleu gris avait dit tout du ton des terres amarrachées

Mélange d’aquarelle et d’aquarium en plomb de lame

Les papillons, toujours se retrouveront dans dix mille ans sous le sabot d’un cheval, dans les pots cassés, sur l’air du temps, dans les cheveux de l’égarée



lundi 7 décembre 2009

Les cloisons

Comme si j’avais perdu les mots en cherchant à t’oublier

J’ai voulu, là-bas, sur mon Armor, égarer les fils des Parques

Dans mon cœur sans cloison le temps s’égrène à rebours

L’idée avait affleuré qu’un peu de vent rendrait l’amour

Aux abords de dunes depuis bien longtemps effondrées


Je t’offre mon pays et mes voyages

Ils sont à moi

Seuls biens estimables

mardi 3 novembre 2009

Les 7 années

Les êtres durs
Les corps lents
Chutent de n'avoir pas pris pied sur la ville
Immense

Dans les cartes
Sur le bord des verres

Oh si loin que l'on regarde
L'amour tourne à vide
Et vide les peaux de chagrin
L'été jamais rattrapé des promesses et des regrets
L'âge en grand écart
Les promesses que je ne te fis jamais
Que tu entendis sans qu'elles fussent prononcées

On tisserait des liens
Que la chute lente de nos corps veillerait bientôt à transpercer

Chanson d'aube

Le coq sonna trois fois avant que la poussière ne puisse s’évader du sol plein de rosée

J’avais, sans me prévenir, ouvert l’œil quand la nuit froissait encore les crapauds insomniaques

J’avais ouvert les draps de notre couche sans te réveiller, cherché une couverture de plumes dans notre armoire pour la poser sur ton corps tellement frêle

J’avais ressenti l’envie de ne pas partir

J’avais frissonné pour la première fois de la nuit en imaginant ton grand voyage

Il n’y a rien que tu ne puisses ramener de là-bas.

Notre histoire a la peau dure.

Regarde mes semelles, elles se décollent avant que de commencer vraiment la route qui m’éloigne.

Si les montagnes peuvent mourir, ne crois pas que je puisse un jour t’oublier.

Le coq chante mais il ne trahira plus avant que le jour ne pointe

Parce que je t’aime



vendredi 30 octobre 2009

Les pas chassés


Filait-on la laine en sachant que, peut-être, le fil viendrait à casser entre nos doigts

Nos mères assoiffées de ne pas nous perdre
Entre ces lacs bleutés que nous cherchions toujours au couchant

Là-bas, nous filions la belle liberté d'une plage toujours inconnue
J'ai dit je t'aime sans le savoir
Mais j'ai longtemps gardé mes mots
Pour toi

A présent qu'il faut dire et faire et choisir
Cet amour d'homme ne voit plus les lacs ni les mères
Il grandit au fond de moi
Et c'est un beau voyage
Qui marche au devant de mes pas, juste devant moi

Fin octobre

L'écume et l'herbe
Le temps cassé
S'il avait fallu faire un pas de plus
Je suis bien certain que tu aurais choisi les cieux

En attendant
Les jours se prennent sur la peau de tes bras

Apprend enfin qu'un cœur se remplit
A la mesure juste
A la note juste
De ce que couvrent l'écume et l'herbe

Pour les patients, pour les marchants
Pour les vivants et pour les morts
Pour ces grues qui planent au ciel

mercredi 21 octobre 2009

Au vent de mer



Dieu avait la joue rose quand on joignait les paumes au ciel
La-bas, la-haut, où nous regardaient bienfaisants tous nos pères et nos amis évanouis
Nous passions tout le printemps dans les bois, près de rives et des barques
Nous passions un éternel été à s'apprendre docilement
Le monde rythmé par nos petites prières de rien du tout
Nous savions que ce repos lointain avait encore le temps de durer un peu
Nous savions que nous pouvions le voler, ce temps, sans nous faire voir.

Quand le matin n'avait pas trop blanchi les herbes, nous pouvions tracer un chemin au milieu des champs
Cela nous était offert
Et nous le prenions à mains pleines.
L'amour ici ne s'appelait pas patience et jalousie
Il suivait son cours
Évident

Les rendez-vous, les heures courtes, ils avaient fait leur temps
Et nos pères et nos amis enfuis là-haut faisaient rosir le ciel chaque soir
Où le Pain gagné sans trop de peine
Nous laissait tout à lui
Nous laissait enfin les regarder
Bienheureux

Et le manque passait

Se couchait à la risée

lundi 19 octobre 2009

Marions-nous un jour d'été

Quel amour ne suit l'autre et quelle marée ne s'entend pas un jour mourir
Là où je vis, les grottes jonchent les ilots de pins et les fougères nous font de belles barques

Comment alors les pointes du monde pouvaient nous servir de frontières, de fin de sphère

Car mon corps baignant dans l'eau froide
Car mes mains pleines et solides auraient pu porter ton cœur léger
Ta peau lisse
et l'argile de tes yeux

L'eau de S., à la peau couverte d'algues et d'amour
Comme on en fait si belle image

Les Evangiles, les icônes
Ta petite poitrine gonflée de Dieu
Et la chapelle née au giron de la grotte

Ma tanière alunie, blanchie du bleu de l'eau
De l'argile toujours de tes paumes
D'un amour Sacré
A s'allonger pour que durent plus longtemps encore
Les dunes, les roches et les années

Sacré, véritable, là où même l'hiver n'entame pas le chaud

Et qu'un jour repose
Le jour saint d'un été
Où le monde et tes seins
M'avaient, à mains nues, refait le portrait


samedi 17 octobre 2009

La passerelle




Choisir aux brisants

Qui se lassent de ça
Agiter les fonds d'errance
Qui se noient

Retournant les silences
Et les heures de noroît
Des planches ou le bout de mon doigt
Parce qu'un lit fait de roses
N'est jamais qu'un endroit,
Une pause, une attente
Où tu t'ennuies parfois

Décroissant comme on perd
Doucement les images
Si je crois, si j'attends
C'est que rien ne viendra
Je n'avais dans mes poches
Qu'une rive à éprendre
Comme rien n'a de chance
Quand un coeur ne vient pas

Choisir aux brisants
Qui se lassent de moi

mardi 6 octobre 2009

Tour du monde

.
Les plans infinis de l'Océan
S'effondrent chaque nuit
Quand tournant ses yeux aux étoiles
Il se souvient qu'elles lui sont sœurs
Et qu'à la fin de tout
Lui-même sera jeté par dessus bord
.

vendredi 25 septembre 2009

Hostie



Chagall, à demi endormi, qu’un coup de vent souffle

A l’étang mirifique

Mule et femme de chair quittent la plaine pour venir boire à la lune

Ivre, c’est bien ivre qu’il est de les regarder ainsi

Lascifs et chamarrés

Languissant de n’être pas encore centaures par leurs ébats consommés

Entendre, voir et peindre, un baiser sur la toile et le rêve de rêver

.../...

mercredi 23 septembre 2009

Les dessins



c

En un mouvement tracé au mur du ciel, elle sort les couleurs de ses doigts de chair

Elle jaillit au son des arbres, des rides d’homme, des poses noires


Je dormais alors bien trop souvent la nuit

Et ne savais pas encore que ma peau serait un jour lavis

Sainte Marie mère des yeux

Regarde les médailles et les portraits miraculeux

Les crayons, les couleurs

Là-bas courbe l’amour et les dessins du vent


Les feuilles tombent des tables

Au lendemain et à l’hier

La voir gommer le monde et le repeindre en terre sienne

......

lundi 21 septembre 2009

La seconde nuit

.
L’œil rond de la nuit s’écoule en faisceaux et fanes brillantes au tamis des bouleaux

Eux, les fantômes de pleine lune attendent des cavaliers d’Ems et des coursiers hagards

Lune d’après nuit
Quand tu fixais ta pupille dilatée sur nos guerres boueuses,
Que voyais-tu ?

vendredi 18 septembre 2009

La nuit

.

Pour un feu soufflant à moi depuis la vallée

La nuit borde et approche

De nuit

Je repense à la nuit où je te regardais sans cesser

Où je te regardais aux lueurs premières

De la nuit

Quand je n’avais de cesse de te regarder

Jusqu’aux derniers gris

Tons de nuit

Je me disais qu’on regarde bien la mer et les étoiles

Et que ton visage les valait tout autant

.

Pour une fumée soufflée à moi depuis la vallée

Le refuge, le foyer

L’effet d’une route

La forêt aux toits lavés de brume

L’automne où le ciel figé en un gris de Manche rend la terre grasse et dure

Le beau métier d’être accrocheur d’étoiles

jeudi 17 septembre 2009

Hobart



On y arrive doucement, le soir se mérite autant qu’un repas.
Les pieds sur un sol plus dur à l’approche de la nuit, l’hiver n’est pas encore si lointain
Je suis déjà venu dans cette Tasmanie, dans ce Canada, dans ces terres andines mais j’avais oublié tout le prix de les marcher et de les chanter
Que ce soit par la voie des rivières ou par le bruit des forêts de mâts, la mer surveille et continue d’attendre tendrement

Ici, conquérir et s’agenouiller

Se taire et, tout le jour, prier

mardi 8 septembre 2009

Le Marinier



Je suis amoureux d’un temps sans heure. Marinier de toujours, je traque l’huitrier, le cormoran, le geai de mer avec mes mots. Le ciel est couché sur la terre comme un drap quand sonne l’heure du départ et du chalut. Adieu, aterre, amer qui sent le fond de cale. Le nuage empli de sel et de poissons chute parfois sur nous lorsqu’il ne passe pas son chemin maudit.

Moi qui n’ai jamais eu d’argent, moi qui n’ai jamais été sobre, moi que les enfants repoussent, je dors sur le pont ou dans les auberges des veufs. On ne sait plus mon nom sur terre et l’on me jette comme une larme par-dessus bord dès que vient la houle et le roulis


vendredi 28 août 2009



Tu sens bon comme une étoile
.

jeudi 27 août 2009

Les soeurs



Le corps de sa jeune soeur sort du mur tout doucement, elle apparaît au milieu d'une pièce à la lumière entrouverte
On est en été puisque ses bras sont nus et ses jambes solaires.
Elle est toi sans le comprendre
Mis au jour sous le faisceau, ses cheveux aussi fins que la soie se mélangent aux poussières du jour et se prennent pour des planctons dérivant. Je revois Judith et le marais de nuit. Les crapauds sifflent leurs airs de flûte, énervés de ne pas trouver le sommeil.
Parfumée par un piano sous l'arbre du lac, elle apprenait ce matin les Chevaux de Bois en s'appliquant pour ne pas disparaître de la photo.
Tu lui as demandé de prendre la pose sur ce lit de paille, dans cette chambre éclairée par l'été
Elle s'écorche de la vie qui la quitte chaque nuit quand la fenêtre et le soleil se taisent
Quand la maison dort, elle s'approche transparente de la lisière de l'étang, pieds nus, et défie la peur d'une mélancolie à venir
Et ce livre que tu poses dans ses mains
elle ne le lira donc jamais
.
Photo Alice de S.

mardi 25 août 2009

Ferdinando Scianna

A l'ouest et au sud, Ferdinando prenait les photos de la chaleur et des chiens terrés à l'ombre.
Il sortait de son oeil bleu des robes de fêtes et des deuils mythiques
Quand un velours de peau si bien caressée sait hanter les yeux des hommes, on croit aux vierges en procession et aux loups de forêts sans arbres
La terre est faite de cailloux, et les enfants la jettent sur les vieux matous
Les ombres découpent la gélatine comme des couteaux de vengeance sicilienne
La peau bronze et tanne au soleil noir des grâces de Scianna

lundi 10 août 2009

Quart de nuit

Les halos bleus du soir s’accrochaient aux iris et faisaient dévier les pas de ceux qui s’essayaient à marcher sur l’eau.
Sur l’île de sable devaient encore traîner quelques aigrettes somnambules qui gardaient calmement le silence
De mon observatoire je tenais le quart.
Un robe rouge s’agitait et remuait comme une fane mal éteinte.
Je la savais qui me tournait autour sans me regarder.
Je pensais aux autres restés là-bas, je pensais à ceux qui dormaient au fond de leur cabines trempées de langueur et d’attente.
Ceux-là devaient dormir d’un sommeil sale tenant leur têtes au creux de leurs bras lourds. Eux qui s’étaient gravés sous la peau des baumes d’Inde et des vapeurs d’Islande. Je chantai en pensant au calfat mort de chagrin dont me restait un peu de gris au fond des poches. Il nous avait tant protégés des lames et des brisants avant que l’amour idiot ne finisse par le pousser à l’eau.
Je fumais en claquant des dents et rien ne bougeait plus.

Depuis le haut de ce grand mât immobile, j’étais la vigie de notre navire emprisonné.
Troisième nuit à mouiller là sans plus d’espoir d’en sortir. La vermine avaient bien eut raison de notre coque et la mort gagnait un à un chacun des compagnons.
J’avais perdu la peur à mesure que gagnait le désespoir. Nous ne partirions plus et aucun bateau fou, même fin soul, ne viendrait croiser par là.
Sous les crânes de ceux qu’on n’avait pas encore jeté à l’eau, raides et lourds comme plomb, la folie avait doucement creusé son sillon ; et s’ils ne dormaient pas, ils se touchaient les pupilles en espérant avoir la force de les crever.
Toute calme, la mort avait tapissé les cales et les cabines.

C’était le clair et le berçant
Une image de savon dont je ne savais plus le goût
Striait dans mon ventre sec le peu de nuages que ne recouvrait pas la lune

J’aurais pu espérer que la fane se pose sur moi, j’aurai pu vouloir tomber de mon mat pour m’écraser sur le pont, j’aurai pu attendre que tu viennes.
Mais le courant de fond tirait plus fort que le vent dans les voiles.
Enfin
Je ne voyais plus que mes doigts approcher de ma bouche le clope incandescent, je sentait mon nez froid, ma bouche sèche, mes pieds gonflés, mes cheveux salés, mes yeux coulant, débordant.
Car je commençais d’être homme à l’heure de mourir.

vendredi 7 août 2009

Procession

(Elephant Gun)
Crois-tu que nous pourrions comprendre ? Quand on passe ici, tout s’éclaire, le goût des lèvres roses soufflant sous les pins d’Armor, la tiédeur d’une cuisse à la belle étoile. Quand on passe ici, on ne s’attend plus au retour puisque l’aller a pris la poudre des champs, la clé des scampettes. Un air somnolant de trompette envahit la fin de ce soir bruissant où tous les corps se sont promis la lune et les montagnes et même parfois la vie entière à bord de l’eau changée en mer, du pain transfiguré.


Il faut imiter Wang Fo, il faut peindre l’eau avec de l’eau et s’allonger sur le sol de juin, ne courir derrière rien ni personne que l’éternel recommencement qui sait tout.


La fête n’arrive pas à s’éteindre et les trompettes épuisées continuent de porter nos pieds sur les cailloux et dans le vin des mariés. C’est là que nous sommes immensément connus. Les guirlandes tournent et tombent à la renverse devant le maître chanteur. Canaa n’en finira jamais de nous faire ivres et de nous faire danser.

jeudi 6 août 2009

Rencontre


Souvent les visages qu’il croise sont une flamme de bougie qu’allume un bout de mèche blonde.
Et le marin meurt aussitôt.

Il regarde, s’attarde au balcon de pierre mais ne veut pas parler

Il y a qu’il regarde caché
Il y a qu’il a peur de penser ce qu’il dit
Il allume les visages en fil bleu, en fine rouge, en heure d’été

Il y a les idées d’îles et de déni

Une goutte tombe alors de l’air pour se poser à lui
Qui pensait que se taire suffirait à passer la nuit

Il regarde attendri et brunit le tabac

C’est tentant de brûler des marins qu’on soit d’ici ou de là
Mais si la mer se vide de ses étoiles
Que ferons-nous des enfants et des femmes ?

Les yeux se tentent, au moins pour commencer

Il est l’heure bientôt de rentrer t’embrasser
Les silènes m’attendent et le vin est tiré
.

mercredi 5 août 2009

Reflets


Un son de mer noire, le saut dans l’air chaud d’Istanbul.
Les Aziyadé voilées se donnent à des marins sans cœur.
Tu es revenue

mardi 4 août 2009

Berlin


Les traceurs de lune ont éparpillé sur les murs des éclats de siècle
Nous regardons le temps se défiger et les espaces s’agrandir encore plus loin.
Ils cognent sans marcher au pas, ils peignent et nous voilà.
Les sons frappés et jetés en pure piraterie
Nous ne dormons plus.
On voit les espaces, elle porte court ses cheveux en ruban, j’y pense en dansant, quand je n’y bois plus clair.
L’esprit souffle.
Et mêlé à nous, le septième que nous ne cesserons jamais d’aimer.
.

lundi 3 août 2009

Train de nuit



Tout défile aux fenêtres de nos trains immenses. Des tunnels et des forêts bleues comme la nuit. Je vois se cacher l’aulne et le Vercors, le port à venir et les couchettes en fond de vallée. Sans tunnel puisque tout est offert au vent froid des campanules endormies.
Roulant encore au milieu des cloches violettes, j’en vois un là-bas qui me regarde et qui m’agace.
Il prend des airs de hors-la-loi que je n’ai pas.
Il prend ses aises dehors, de l’autre côté du verre, là où je ne vis ni ne dors.
Et la forêt, vaguement ondule, se prend au jeu de la marée, se retire de la vallée.
Etais-je alors la force ou la nature ?

jeudi 30 juillet 2009

Paul et les belles

Petit bouquet de nuits jeté à la gueule des demoiselles. En riant sous le voile de la mariée tu m’avais tout de suite frappé dans l’œil - sans faire exprès - On s’était retrouvé un peu plus tard, un peu plus éméchés, pas beaucoup plus bavards. Des gros gars jouant des coudes à coudes m’entrainaient dans une danse de table en banc de galère, vers Saint Pierre ou Miquelon. J’avais beau être secoué comme un filet de merlans, mes yeux frits je te les donnais tout entiers. Les tiens roulaient, tout cerclés de jaune, autour de moi. Il fallait absolument que je morde tes lèvres qui ne devaient pas s’échapper d’ici. Quel fureur de voir ton front un peu perlant, je t’aurais mangé d’une traite avec ton fatras et tes seinterdits.

mercredi 29 juillet 2009

Sans filet

Paressant au long des lunes
Des cheveux noirs, mon cœur en bulle
Ma vie sans filet, sans filet
On ne voyait sous tes dessous
Que cri de rue et mer sans loup
Ma vie sans filet, sans filet

Ici le temps tenait le coup
Tenait le cap, tendait le cou
Mais je filais, déjà je filais
Là-bas de rien, d’un coup de reins
Les dents de toi m’ont paru loin
Comme si je vivais sans filet

Et de fil et de bruit
J’accroche à la nuit
Mes boucles et mes demains
A tant croire que rien ne tient

Sur ma ville à mille huis
J’accroche à la nuit
Des bouts de mes comètes
Et l’heure brune où rien n’arrête
Mes nuits

Au son de corps en rouge allure
J’ai fermé l’aube, fumé l’azur
Qui défilait, défilait

Des si, des la, pour m’en sortir
Mais l’or de rien m’a fait te dire
Que je fuirai, que je fuirai
Chanter c’est boire au même vin
Titube et tombe, rien ne se retient
Sans filet, sans filet

lundi 27 juillet 2009

Les comètes



Les mots tombent en trombe dans les rues de Brest, de la Bretagne et du monde. Un nuage immense tient le ciel dans ses bras étouffants. Il fronce les sourcils sur l’Armor détrempée. Autour des planètes s’agitent les grappes d’hommes qui tous rêvent de fuir par la mer ou sur le bec des sternes. Finistériens buveurs de houle. De la bière et du rhum bon marché pour que les rues tanguent, pour que les néons deviennent lucioles et qu’au fond des caniveaux on nomme ça d’héroïques noyades. Je pose doucement la tête, mon cœur hémophile se déverse le long de ton dos de granit. Ma roche a le nom de Dieu, du Calvaire à l’Océan. Odyssée
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vendredi 24 juillet 2009

Les étangs d'herbe


Au souffle court qui marche et court au bout du souffle. Les étranges étangs d’herbes du Mont nous piquaient les jambes à chaque fois que nous les enjambions. Sur l’argile trompeuse nous glissions, convaincus de la voir sèche. Un peu partout prenaient forme des chemins dans l’herbe mais l’on ne saurait dire d’où venaient ces traces. Nous sautions par-dessus des mares longues et rouillées. Nous sautions avec nos jambes, courtes ou fines, avec nos jambes qui marchent. Sur la ligne d’horizon deux formes s’agitaient comme sur un fil. Et nous n’aurons vu d’elles que leur dos ronds sans pouvoir distinguer le chien du loup.
Entre les deux, le Mont finit de souffler ses épuisants visiteurs hors de lui. Lui aussi est à bout de souffle et l’on dirait même que ses épaules s’affaissent quand le soleil regagne ses quartiers. Alors, les petites lumières s’accrochent à l’incassable granit, lui redonne les scintillements et les postures d’un combattant de Lucifer. Nous qui nous étions arrêtés quelques instants au milieu des polders allions bientôt rejoindre l’âtre d’un château d’Argol en éternelle reconstruction.
Et sur ces champs pleins de jaune et de grives, on ne sait vers quel endroit plus beau peut bien partir le soleil écarlate.
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Photo Pauline S.

jeudi 23 juillet 2009

Retour de nuit

Jean Vilar me regarde d’un air de grand guignol de 8 mètres de haut à la veille de la grande parade.
Aahvignon !...

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mardi 21 juillet 2009

14/01/2009 - Place Edith Piaf

Sous la bâche, du vin rouge, du vin chaud.
Il fallait bien boire puisque la pluie n’avait pas suffi à nous tremper les yeux.
J’avais l’impression de loger dans un lampion ou de gîter comme une fane à la tête brûlée.

Nous balancions
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Du vin chaud, des joues rouges.
Sous la bâche tu me disais que l’amour passe et qu’il n’existe pas
Mais je regardais glisser les gouttes le long de cette bâche
Une nuit en automne quand je soufflais les azurs pour les rouler sur mes doigts

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dimanche 19 juillet 2009

Saint-Paul ailleurs



Autour du cercle jaune de tes yeux coule une nuit interminable.
De l’endroit où naît le parfum on aperçoit les poussières de Tripoli, les chants laissés là-bas et qui t’attendent. Saison à revenir, à vendanger quand elle reviendra.
Soulagé d’avoir posé mes lettres sur tes yeux, d’avoir gravé mon nom sur ton poignet nu.

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Photo William Chancerelle

jeudi 16 juillet 2009

Je cours

Ce matin l’avion vrille et détourne ses ailes dans un ciel plein d’oiseaux kamikazes, au-dessus des Andes vertes et blanches tu ne peux voir depuis ton hublot que je cours sur mes ânes à travers toutes les forêts, tous les marécages, toutes les décharges, tous les temples Incas, Gracques, Héliodores.

Sancho pensa qu’il te garderait mais je souffle plus fort que n’importe qui quand il s’agit de toi

Les accordéons, les souffleries de l’Opéra, les huées des supporters me font un peu rire quand je vois où mène ce monde. Entends déjà mes lances sanglantes, mes dents acérées, mes poings lourds qui ne savent caresser que tes joues.

mercredi 15 juillet 2009

Orsay

L’entrechat à la gare d’Orsay
La Seine s’attendrit
Te voir
Pékin en train, je n’attends rien comme toi
A la gare d’Orsay devenu musée
A la seine devenue putain de Paris
Je n’attends rien comme toi
A la gare écroulée,
Petit lit de fleuve sale et noyé
Je n’attends rien comme toi

mardi 14 juillet 2009

Comme neuf



Notre maison, lieu d’automne, est une citrouille pleine comme un crâne. Nous y trouvons la nourriture des refuges, un pain salé, des traces de farine sur les nez de cuisine. L’attente de créer nous harcèle du salon à la cave quand il pleut. Parfois. N’oublie pas le pianiste sur son bateau, nous n’avons pas d’identité les uns pour les autres, tant mieux, ici personne n’exige rien de l’autre. Ta tête ronde, ta barbe noire, tes yeux du matin et les tiens, ceux du soir. Appétit de cuisine embrumée. Mon tabac joue la diva en escale.
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Photo William Chancerelle
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lundi 13 juillet 2009

Au bar



Au Procope, une photo de toi en apocope
on a rarement fini les phrases
même l’été avait laissé des points en suspension
...

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Photo William Chancerelle
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vendredi 10 juillet 2009

Retour de flamme




C’était bon de te savoir toujours prompte à me souffler au cœur
J’aimais ça vivre dans des méandres où tu reviendrais
Peut-être même que j’aimais que tu doutes
Un amour qui souffre, belle comme l’Atride pénitente
Photo William Chancerelle

jeudi 9 juillet 2009

Jour de sable

Ménodée, méharée, vents d’Erythrée, d’Aziyadé, de glaçon de thé
Vent de désert, d’ispahé, au souffle dilaté par des femmes mortes, des amours jamais arrivées
L’attente et le doute sur un coin de terre jamais là au bon moment
Pas à pas rendu désert
D’amours jamais arrivées
Jamais arrivées

mercredi 8 juillet 2009

Le marché aux rapines

Le marché aux rapines accueille les vents perdus. Ils s’engouffrent entre les tréteaux de bois et les tables recouvertes de toiles cirées vertes.
On y descend le matin pour sentir la glace parcourir les allées à bras de pieuvres.
Les détrousseurs saluent par des mouvements de cou discrets les brigands et les orphelins. Chacun d’eux tient près de son corps une gibecière de lapin noir contenant, selon l’arrivage, un nez d’aquilon, de bora, de williwan ou de mistral jauni. Ils s’en emparent ici et là prenant garde que personne ne les surprenne, même si tout le monde sait bien que leurs doigts n’ont pas gelé pour rien, que leurs yeux ne se sont pas asséchés sans raison.
Qui a gouté une fois le frisson du vent capturé devient voleur par destinée.

mardi 7 juillet 2009

Juin en silence




















Le cadre rouge de la fenêtre
sépare les yeux et laisse à chacun d’eux le bonheur de voir en plein
le ciel qui se couche
le soleil qui ploie
et la terre énorme de nuages
dont une plaie béante éblouit nos vies uniques et sans retour
L’incessant, le rocher gris
Notre maison nous abrite encore
Car voilà bien le dernier lieu où se perdre loin des autres
est un silence inépongé

Photo Manu Poisson-Quinton


dimanche 5 juillet 2009

On commence?


Pierre qui roule

photo William Chancerelle