vendredi 23 août 2013

Contentement

En se regardant dans la vitrine, puis dans la suivante et la suivante encore, son corps lui semble plutôt bâti, plutôt apte à attirer l’œil et l’intérêt, c’est selon, le teint, les infimes caractères déformants du reflet, la distance entre lui et la surface miroir. Avant que la rue ne s’achève, il se sera fait une idée précise de son image du jour. Il n’est pas loin de penser à mi-route que ce mardi lui est favorable, tant l’allure de son pas prend ses aises dans ce pantalon de toile claire, tant la barbe qu’il a décidé de conserver ce matin trouve un prolongement évident dans le tombé de sa veste. Il accroche quelques regards, il est bien, il porte fier, il se sent pousser des ailes et le pigeon vise juste entre les deux oreilles. 

mercredi 21 août 2013

L'imitation

Quelques matins, la bobine s’enroule, formant de son unique fil, couche sur couche, un corset vert et luisant. Elle se lève, nous regarde, semble absorber nos visages, ses yeux absents ne l’empêchent pas de nous voir.
La bobine se dresse puis s’allonge aussi vite en forme de jetée poussée sur le devant de la mer, la cale. Elle se relève d’un coup net et nous la perdons de vue. La bobine est l’enfant d’entre elle et moi.
Nous la savons absente la majeure partie du temps, mais quelques matins, celle qui, les veilles au soir (nous ne nous couchons pas si tôt) n’était qu'un tas de laine hérissée de filaments, reprend sa place dans la famille, tombant des escaliers pour nous rejoindre plus vite, ou sautant des fenêtres pour nous semer, par jeu, perchoir, chat perché.
La bobine, ma chère Adélaïde, corset sur un tube cartonné ; cartonné, entouré du long fil de laine. Que ta mère depuis lors déroule dès qu’elle retrouve trace de toi aux abords de nos ombres.