jeudi 5 septembre 2013

Espace n°2

La verticale monte et descend. Il n’y a qu’à tendre la tête pour jauger la distance qui sépare le haut du  bas.
Je suis venu ce matin, à l’appel du loup, j’ai préparé mon visage et mes qualités alignées.
Face à moi, là-haut, la liste est sans surprise, je trouverai la suffisance ou l’aménité, la fausseté ou la compassion.  
La structure ne connaît pas l’opaque, tout est ici fait pour qu’on y voit  comme en plein jour, et sans entrave, du squelette au moindre animalcule de personnel courbé sous le poids d’une charge à horaires fixes. C’est le fruit de l’époque, le monde qui veut cela. Entre les arcs de métal consciencieusement peints de blanc, les vitrages les plus clairs et les plus larges qui soient ouvrent le champ à toutes vues. Et l’illusion du jour et de l’air place l’endroit au-dessus de tout soupçon.
Dans quelques instants, je passerai de bas en haut par un sas à peine plus grand qu’une boite. L’ascenseur lui-même est transparent.
Défense de se jeter un dernier regard.
Tenu de regarder au loin pour ne pas perdre la face.
Le conscient des mots se retire calmement de moi,
L’idée que chaque employé me regarde m’élever souffle l’écume de moi,

Un nuage a fondu au soleil, c’était tout ce qui restait d’obstacle, je regarde la lumière envahir pour de bon tout l’espace, pas un recoin qui ne soit inondé, partout, oh les villes épuisées. 

mercredi 4 septembre 2013

Espace n°1


La liste est achevée. Que manque-t-il ? Une fin ? Un pays ? Le fond d’un verre avant la nuit ?
Tout a commencé par une demande claire, je veux dire une composition sensée, bien agencée, d’un mot à l’autre ainsi que des pas japonais.
Nous marchions depuis longtemps et nous avions, jusque là, chanté bien haut les airs qui nous venaient. Tous les paysages et les montagnes et les vallées, tout se tenait entre nos paumes et le sang dans nos pieds. Un espace moins clos qu’il n’y paraissait.
Atteignant les limites du jour, l’heure était venue de franchir le ruisseau. Le cours de l’eau avait enflé du printemps, jusqu’aux cuisses, et le courant poussait trop fort, tu étais trop petite. Il fallait prendre garde à sauter chaque pierre sans glisser, pour toucher l’opposé de la rive.
Tu me disais passe le premier (mais au milieu du gué) que reste-t-il à vivre ensemble dans l’espace du monde ?
Je te disais Que manquait-il ? Peut-être un peu de tout ? 
Un homme, un temple, une cité ?

Non, je parle d’ordre, de lacs, de détails nets et fiévreux sur les pieuvres et les baisers